
Événement
Un nouvel écrin pour la Toison d’or de Louis XV
Dès janvier 2024, venez admirer la Toison d'or, la réplique exceptionnelle du "plus beau bijou du monde", dans une toute nouvelle vitrine en Galerie de Géologie et de Minéralogie. Une parure royale qui vaut le détour !
Qu’est-ce que la Grande Toison d’or de Louis XV ?

Toison d'or de Louis XV
© MNHN - H. Horovitz / F. FargesL'origine de cette Toison d’or débute en 1743, lorsque le roi Louis XV fut nommé chevalier de la Toison d’or : il fut le premier roi de France à recevoir cette prestigieuse distinction, originaire de Bourgogne. En 1749, le joaillier Jacqmin créa pour le roi diverses insignes de la Toison d’or, dont une, dite la parure de couleur, composée de véritables chefs-d'œuvre (de haut en bas) :
- Le diamant bleu de 33 carats, anciennement dit "Bazu", un diamant bleu ciel clair, au sommet du bijou. Des recherches récentes, à publier, vont bientôt dévoiler son histoire qui est jumelle du Grand Diamant bleu de Louis XIV. Il est considéré comme le 4e diamant le plus précieux des joyaux de la Couronne. Son facettage a été retrouvé à partir d'un moulage découvert au musée du Louvre en 2014.
- La « Côte de Bretagne », un rubis-spinelle de 107 carats retaillé sous la forme de dragon par Jacques Guay. Ce dragon est lové dans l’arbre aux pommes d’or qui sont représentées par deux « topazes orientales », c’est-à-dire deux saphirs jaunes. Ses ailes déployées à droite et sa queue enroulée vers la bélière du bijou sont serties de centaines de brillants, trois palmes qui constituent les branchages du pommier d’or.
- Le grand « diamant bleu de la Couronne » de 69 carats, œuvre de Jean Pittan et taillé en 1673 pour Louis XIV. Il s’agit encore aujourd’hui du plus grand diamant bleu jamais trouvé. Il est considéré comme le premier grand diamant taillé en brillant de l’histoire.
- La dépouille du bélier, quant à elle est sertie de 112 brillants peints en jaune et représente la Toison d'or à proprement parler.
Hélas, ce chef-d’œuvre fut volé et démantelé en 1792. Seul le dragon sera retrouvé en 1797, il est actuellement déposé au musée du Louvre.
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Symbolisme de l'ordre de chevalerie de la Toison d’or
Le symbole de la Toison trouve ses origines dans la mythologie grecque : elle signifiait la richesse et la puissance de son possesseur à travers la dépouille d’un bélier à pelisse d'or et qui s'est offerte en sacrifice à Zeus pour obtenir l'éternité (une constellation du même nom). Cette légende fut adaptée en 1430 par Philippe III de Bourgogne lorsqu’il créa son ordre de chevalerie, la « Toison d’or », afin de récompenser de sa générosité ses vassaux pour leur fidélité. Plus tard, l’ordre passera sous le contrôle des monarchies autrichiennes et espagnole qui décerne encore de nos jours cet insigne (à l’instar de la Légion d’honneur en République française).
Quant au dragon, qui se nomme Ladon, il crache de dangereuses flammes visant à éloigner ceux qui s’approcheraient trop près de la précieuse Toison. Ainsi, le chevalier dudit ordre était non seulement fortuné, mais également téméraire : mieux valait ne pas le défier.
De la Bourgogne à l'Espagne
À la fin de la guerre de Succession d’Espagne en 1714, Philippe V, prince de la Maison des Bourbon, accède au trône à Madrid : son cousin Louis XV sera le premier roi de France à être nommé chevalier de cet ordre en 1743. Ainsi, les deux Maisons des Bourbon, la française et l'espagnole, signent leur unité aux yeux d'une Europe médusée. À cette époque, dans toute l’Europe inféodée à l'Espagne, diverses insignes de la Toison d’or sont fabriquées en simple émaillage sur or. Celle créée en 1749 pour Louis XV, sa première Toison, constitue un véritable chef-d’œuvre de joaillerie, grâce aux enrichissements considérables en pierreries de Louis XIV qui y ont été insérées, mais aussi grâce aux techniques de sertissage de centaines de brillants autour de gemmes majeures, une nouveauté. Autre nouveauté, le revers est aussi beau que l'avers ce qui complique le travail d'orfèvre qui doit être extrêmement minutieux et invisible. Au-delà de sa valeur chevaleresque passée, cette insigne est l'objet fondateur de la tradition française, voire parisienne, de la haute joaillerie qui rayonne dans le monde entier depuis des décennies depuis la place Vendôme.
Ironie de l’histoire…
Si, selon la légende grecque, la Toison fut volée par Jason aidé par Médée, celle de Louis XV le sera également lors du sac du Garde-Meuble de la Couronne (aujourd'hui Hôtel de la Marine) en septembre 1792… Très peu sera retrouvé de ce qu'il faut nommer le "casse du millénaire" où un milliard en équivalent d'euros actuels disparaissent en quatre nuits.
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Insigne de la Toison d'or
Une reconstitution remarquable

Gouaché de 1749 par Jacqmin
© P. Monnier, H. HorovitzC’est sous la supervision du joaillier suisse Herbert Horovitz que les plus grands spécialistes se sont associés pour recréer le fabuleux bijou du grand insigne de la Toison d’or de Louis XV, suite à la redécouverte des moulages des deux grands diamants bleus par François Farges dès 2007 au Muséum.
Cet insigne imposant a pu être reconstitué grâce à une gravure originale de Jacqmin de 1749 et retrouvée en Suisse dans les années 1980. De nombreuses années ont été nécessaires pour reconstruire ce bijou d’exception en fonction d'autres découvertes au sein des collections d'archives et de moulages.
Le Grand diamant bleu de Louis XV
La forme exacte de ce diamant tel qu’il était au XVIIIe siècle est demeurée inconnue jusqu’en 2007, date à laquelle le professeur François Farges retrouva son moulage au Muséum. Les technologies les plus modernes ont alors été utilisées pour recréer ce diamant sur ordinateur puis en zircone bleue.
Le diamant bleu anciennement dit « Bazu »
Les inventaires faisant état de ce diamant ont longtemps été confondus avec ceux d'une autre gemme dite le "Bazu", du nom du commerçant qui ramena cet autre diamant d'Indes. La véritable et fabuleuse histoire du grand diamant sommital de la Toison a été récemment retrouvée par F. Farges et sera prochainement publiée : c'est la gemme "conjointe" du Grand diamant bleu de Louis XIV. Son eau est décrite comme « légèrement céleste », c’est-à-dire bleu ciel clair. Elle est taillée assez simplement, avec 4 faces principales et une forme « carré-arrondi ».
En février 2014, le professeur F. Farges découvre dans les réserves du musée du Louvre à Paris le moulage d’un diamant bleu ciel qui a permis de reconstituer cette gemme. C’est sur la base de ce moulage que le modèle de ce diamant d’exception a pu être reconstitué.
La « Côte de Bretagne »
Sa réplique a été obtenue à partir de clichés effectués au musée du Louvre où elle y est déposée. Une cire a été sculptée et mesurée de manière à ce qu’elle corresponde exactement au poids de la gemme, convertie en spinelle. De plus, la « Côte de Bretagne » d’origine, une gemme d’Anne de Bretagne pesant 246 carats, a également été reconstitué au moment de son entrée en 1530 dans les fonds des joyaux de la Couronne. Son étude exacte fut enfin rendue possible en 2018 au musée du Louvre : elle confirme le modèle créé en 2010 à la fraction de millimètre près.
Les « coussins baroques »
Près de 500 brillants, dits « coussins baroques », ont été taillés et certains ont été peints à revers selon la méthode dite inventée par la marquise de Pompadour comme cela se faisait alors pour présenter des diamants de couleur, notamment rouges, car ils étaient alors inconnus. De véritables micromosaïques de petits brillants ont été recomposées patiemment pendant des mois, de manière à recréer le délicat pelage du bélier, ainsi que les ailes, la queue et les flammes de son dragon protecteur, sans oublier les trois branches du pommier d'or dans lequel est lovée la chimère. Le tout avec des sertis selon les techniques de l'époque, pratiquement invisibles.
Où voir sa reconstitution ?
Vous pouvez observer ce chef d’œuvre dans une nouvelle vitrine en Galerie de Géologie et de Minéralogie, au Jardin des Plantes.
Remerciements à François Farges, Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, pour sa relecture et sa contribution.

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