Recherche scientifique

Minuscules, mignons… ils font penser à des nounours en gelée. Ce sont des tardigrades !

Les tardigrades font souvent penser à des nounours en gelée d’une célèbre marque de confiserie. Et malgré leur taille minuscule et leur allure touchante, ces petits organismes marins n’en sont pas moins étonnants. En effet, ces animaux décrits pour la première fois à la fin du 18e siècle ne cessent de nous surprendre. Et parmi les chercheurs qui s’intéressent de près à eux, Lukasz Kaczmarek, du Department of Animal Taxonomy and Ecology, Adam Mickiewicz University à Poznań (Pologne) est venu étudier les collections de tardigrades du Museum national d’Histoire naturelle avec l’aide du programme scientifique européen SYNTHESYS.

Les tardigrades marins (« water bears ») sont peu étudiés, et on en connaît seulement 200 espèces à l’heure actuelle. En comparaison, il existe environ 1200 espèces de tardigrades terrestres décrites à ce jour. Pourtant, il s’avère que les formes marines présentent une bien plus grande variation morphologique que leurs cousines terrestres. Alors si l’on recense bien moins d’espèces marines, c’est surtout parce qu’elles vivent dans des habitats particulièrement difficiles d’accès.

La plupart de ces animaux appartient à l’ordre des Heterotardigrada (principalement les Arthrotardigrada). On les rencontre dans les sédiments marins, depuis la zone intertidale (zones des marées) et jusqu’aux zones abyssales, plus généralement dans des sédiments sableux, mais on peut aussi en trouver sur les rochers, sur les algues, ou sur d’autres organismes tels que les balanes ou les concombres de mer.

Beaucoup d’espèces décrites dès la fin du 18e siècle l’ont été à partir d’un unique spécimen ou au mieux de quelques individus. Et dans de nombreux cas, bien qu’on ait recensé d’autres spécimens, les descriptions originales étaient établies à partir d’un seul et unique spécimen : l’holotype. En outre, dans bien des descriptions assez anciennes, une grande quantité de mesures, de microphotographies, et de détails de nombreux caractères, tels que les micro-sculptures, ne figurent pas.

Le Museum national d’Histoire naturelle à Paris abrite l’une des plus importantes collections de tardigrades marins. La vaste majorité d’entre eux furent décrits par J. Renaud-Mornant entre 1959 et 1990. La collection comprend des espèces des familles suivantes : Archechiniscidae (1 spécimen), Batillipedidae (8), Coronarctidae (14), Echiniscoididae (4), Halechiniscidae (111) et Stygarctidae (8).

Dans le cadre de sa mission de recherche au Museum national d’Histoire naturelle, financée par le programme SYNTHESYS, Lukasz Kaczmarek a réexaminé tous les spécimens, et préparé leurs re-descriptions, en se fondant sur les séries de spécimens-types, avec morphométrie détaillée et microphotographies à l’appui. De plus, il a corrigé et mis à jour les noms d’espèces dans le respect du code de taxonomie, évalué la qualité des spécimens et leur utilité pour de futures études. Il a également souhaité préparer une liste exhaustive des tardigrades marins conservés au Museum national d’Histoire naturelle (avec des notes précieuses concernant l’état de préservation de chaque spécimen). Les futures études menées sur ce sujet permettront réellement d’en apprendre plus ces organismes et faciliteront l’identification correcte d’espèces plus anciennes afin de valider la taxonomie au sein de ce groupe. Ce travail devrait mettre en évidence des répartitions géographiques cohérentes pour de nombreux taxons.

Tête de Megastygarctides sezginii. Photo prise au microscope électronique. (Photo in Ürkmez et al. 2017)

© MNHN

Vue dorsale de Megastygarctides sezginii. Photo prise au microscope électronique. (Photo in Ürkmez et al. 2017)

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Vue latérale de Megastygarctides sezginii. Photo prise au microscope électronique. (Photo in Ürkmez et al. 2017)

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