Recherche scientifique

Liste rouge : 15 % des espèces animales de Guadeloupe évaluées sont menacées

C’est la première fois que le risque d’extinction de la faune de Guadeloupe est étudié. 574 espèces ont été évaluées.

Avec près de 12 % d’espèces strictement endémiques, l’archipel de la Guadeloupe abrite une faune remarquable. Toutefois de nombreuses menaces pèsent sur la biodiversité locale. Ce premier état des lieux, réalisé dans le cadre de la Liste rouge nationale, porte sur tous les vertébrés à l’exception des poissons marins et sur de nombreux invertébrés. Sur les 574 espèces évaluées, 16 espèces ont déjà disparu, 85 sont menacées et 48 sont quasi menacées. Par ailleurs, une espèce sur quatre reste insuffisamment connue pour que leur risque de disparition soit évalué. Les résultats contribueront à identifier les priorités d'action pour sauvegarder le patrimoine naturel riche et remarquable de Guadeloupe.

Tous les milieux sont menacés

Photo d'un pélican brun (pelecanus occidentalis) en bord de mer

Pelecanus occidentalis

© R. Jantot

Les analyses concernent les milieux marins, d’eau douce et terrestres. La destruction et la fragmentation des habitats représentent les premières menaces pour les espèces animales de Guadeloupe et touchent l'ensemble des groupes d'espèces.

Comme pour la plupart des systèmes insulaires, les espèces exotiques devenues envahissantes représentent aussi une menace importante pour de nombreuses espèces.

Les pollutions résultant de pratiques agricoles marquées par un usage intensif d’insecticides et de fongicides ont encore un impact sur l'ensemble des milieux. Malgré son interdiction en 1993, l’impact de la Chlordécone persistera durant des décennies, par exemple sur les macro-crustacés d'eau douce dont la consommation a été interdite, sur des oiseaux ou des espèces insectivores comme la Sérotine de Guadeloupe.

La chasse, bien que réglementée, exerce, elle aussi, une pression non négligeable sur de nombreuses espèces d'oiseaux, comme le Courlis corlieu classé « Vulnérable » ou le Pigeon à couronne blanche « En danger ».

Photo d'un cachalot (Physeter macrocephalus) en train de nager

Physeter macrocephalus

© L. Mouysset

En mer, la pêche a des répercussions indirectes sur des espèces emblématiques comme le Cachalot, classé « En danger », ou la Tortue imbriquée, classée « Quasi menacée », victimes collatérales des filets. D’autre part, les ancres de bateaux peuvent participer à la détérioration des récifs coralliens et de certains herbiers, qui représentent des zones d'alimentation importantes pour la faune marine.

Les activités touristiques et de loisir génèrent une pression supplémentaire de dérangement pour des oiseaux littoraux, tels que le Pélican brun et la Petite Sterne classés « Vulnérables », en perturbant leurs sites de nidification.

Même si ses répercussions sont difficiles à évaluer, le dérèglement climatique constitue une autre menace favorisant l'accroissement de la fréquence et de la puissance des cyclones, dont les conséquences peuvent être dévastatrices pour les espèces forestières d'oiseaux, de chauves-souris et de certains insectes. Au niveau du littoral, on observe déjà une érosion qui s'accroît avec l'élévation du niveau de la mer et des submersions plus fréquentes des nids d'oiseaux et de reptiles.

Sauvegarder le patrimoine naturel de Guadeloupe

Photo d'une crevette Macrobrachium carcinus sur un rocher

Macrobrachium carcinus

- CC BY-NC-SA - B. Guichard

Face à ces défis, des mesures de protection des espèces ont été mises en place, des milieux naturels terrestres et marins bénéficient d’aires protégées et des programmes de conservation ont été déployés. Il apparaît toutefois nécessaire de renforcer ces actions pour enrayer les pressions, préserver les habitats naturels, stopper le déclin des espèces les plus menacées et restaurer leurs populations.