Institution

Lauréats 2021 du Prix de la Fondation ENGIE - Talents de la recherche au Musée de l’Homme

Quatre projets ont été désignés lauréats de cette quatrième édition : Hope.Z, Imag-Arbre, Transitions et Landes.

Un prix pour mieux connaitre les liens que les sociétés passées et présentes entretiennent avec leur environnement

À l’occasion du Congrès mondial de la Nature de l’UICN organisé à Marseille, la Fondation ENGIE et le Muséum national d’Histoire naturelle soulignent le caractère essentiel des recherches scientifiques sur l’Homme et l’environnement, à travers la quatrième édition du Prix de la Fondation ENGIE – Talents de la recherche au Musée de l’Homme.

Grand mécène du Muséum national d'Histoire naturelle depuis près de vingt ans et Mécène fondateur du Musée de l’Homme, la Fondation ENGIE a souhaité poursuivre son engagement par la création, en 2018, d'un prix en faveur des travaux de recherche du Muséum. Le Prix de la Fondation ENGIE – Talents de la recherche au Musée de l’Homme permet ainsi d’attribuer une bourse annuelle à des chercheurs et chercheuses travaillant sur des projets interdisciplinaires innovants visant à mieux comprendre les liens qu’entretiennent les sociétés passées et présentes avec leur environnement. Le Prix est décerné par un jury composé de scientifiques du Muséum, de représentants de la Fondation ENGIE et de personnalités extérieures. 

En 2021, la cérémonie s’est exceptionnellement tenue au Congrès mondial de la Nature à Marseille dans ses espaces grand public et a également fait l’objet d’une retransmission en direct. Le grand public a ainsi pu suivre sur place et en ligne la remise des prix décernés à quatre projets lauréats. Leurs travaux étudient les relations qu’entretiennent les sociétés avec leur environnement sur des périodes et des territoires variés : des paléoenvironnements en Afrique aux enjeux contemporains de santé dans une société sénégalaise en pleine mutation, en passant par les imaginaires des arbres dans les sociétés urbaines occidentales contemporaines et la conservation de la biodiversité dans les landes littorales de La Hague.

Revivez la cérémonie et découvrez les projets lauréats en vidéo !

Projet Hope.Z – Raphaël Hanon & Sandrine Prat

Il y a entre 3 et 1 million d’années, l’émergence du genre Homo et celle de nos cousins, les Paranthropes, s’accompagne d’un changement progressif du climat. L’ensemble de nos connaissances sur cette période provient de deux zones géographiques bien distinctes, l’Afrique de l’Est avec des sites de plein air et l’Afrique du Sud avec des dépôts karstiques. Ces données sont actuellement trop parcellaires pour faire le lien entre ces deux régions d’importance, tant les dépôts sédimentaires et archéologiques diffèrent.

Le projet HOPE.Z a pour objectif de documenter la relation entre ces deux régions, en menant pour la première fois une campagne de prospections de gisements fossilifères du Plio-Pléistocène dans deux régions du Zimbabwe, dans un cadre international et interdisciplinaire. Ces résultats permettront une meilleure comparaison des données entre l’Afrique de l’Est et du Sud. L’analyse des sédiments et des faunes de cette période offrira un regard nouveau sur les paléoenvironnements dans lesquels ont évolué nos ancêtres au cours du Plio-Pléistocène au Zimbabwe. Enfin, l’étude des outils en pierre que façonnaient et utilisaient ces populations préhistoriques nous permettra de mieux comprendre les adaptations culturelles adoptées face aux changements environnementaux.

Projet Imag-Arbre – Anne-Caroline Prévot & Axelle Grégoire

En explorant et mettant en scène les différents imaginaires de l’arbre en ville dans les sociétés occidentales, IMAG-ARBRE veut proposer des chemins de traverse pour repenser des futurs territoriaux des villes qui voudraient intégrer la diversité des vivants.

Pour ce faire, IMAG-ARBRE mobilisera l’image comme objet de dialogue : dans les produits culturels dominants (films de science-fiction et livres pour enfants), dans les maquettes et cartographies des projets architecturaux de renouveau urbain, dans les représentations sociales des habitants et des habitantes des villes. Une première phase d’entretiens dans quatre groupes de parties-prenantes permettra de faire ressortir la diversité des images et des imaginaires de l’arbre en ville (chez des habitants et habitantes, des concepteurs et conceptrices, des scientifiques et des pépiniéristes). Ces imaginaires seront alors mobilisés pour construire une installation artistique immersive, invitation à « devenir arbre » et à ouvrir d’autres imaginaires de l’arbre en ville pour les visiteurs de l’exposition. Ce projet art-science s’appuie sur une interdisciplinarité forte entre écologie, biologie et psychologie de la conservation, ainsi que les sciences du design.

Projet Transitions – Samuel Pavard & Emmanuel Cohen

Dans les pays émergents, l’urbanisation est associée à une diminution de la dénutrition et de la mortalité par les maladies infectieuses, notamment chez les enfants. En revanche, elle expose aussi les populations urbaines à une alimentation plus énergétique et transformée et à des polluants allergènes et cancérogènes en augmentation. Or, l’effet de ces facteurs sur la mortalité adulte demeure peu étudié dans ces pays, même si certains travaux récents en Asie alertent sur un possible milieu urbain qui serait plus létal pour les adultes que les milieux ruraux.

Le projet TRANSITIONS s’intéresse à cette question sur le continent africain où des pays comme le Sénégal vivent pleinement ces transitions nutritionnelles, épidémiologiques et démographiques, conjointement impulsées par cette dynamique environnementale d’urbanisation rapide. Ces transitions sont associées à une forte morbidité cardiométabolique et cancérologique en ville associée à des niveaux encore hauts de dénutrition et d’états infectieux graves, conduisant à une situation de santé publique inédite : un double fardeau des pathologies préindustrielles infectieuses et postindustrielles chroniques auxquelles doivent faire face les nations en voie d'urbanisation.

L’objectif du projet interdisciplinaire TRANSITIONS consiste par l’analyse de données démographiques, épidémiologiques et socioanthropologiques à évaluer comment une telle mutation des modes de vie agit sur la santé globale de la population sénégalaise. Pour ce faire, on identifiera les groupes les plus touchés par cette dynamique, en fonction de leurs environnements, de leurs normes socioculturelles et de leurs pratiques alimentaires pluriels.

Projet Landes – Richard Raymond

La conservation de la biodiversité se heurte fréquemment à différents enjeux sociaux. Certains milieux réputés naturels résultent, de fait, de la combinaison de conditions mésologiques et de pratiques humaines passées ou présentes. C’est le cas des landes littorales de La Hague. Ces milieux se sont développés sur des sols oligotrophes battus par les vents où des pratiques agro-pastorales ont limité l’implantation de fourrés. La conservation du bon état écologique de ces milieux demande d’entretenir ces espaces. Le pâturage semble être, théoriquement, la manière la plus adéquate de le faire ; mais sa mise en œuvre se heurte à la difficile articulation entre enjeux naturalistes et enjeux agricoles. De plus, la définition usuelle des landes met en exergue des paysages naturels remarquables dont le caractère repose moins sur l’intérêt naturaliste ou agricole que sur l’absence de signes apparents de gestion. Ces paysages sont le support de développement de loisirs. Ainsi, la conservation de ces milieux nécessite d’articuler enjeux environnementaux et enjeux sociaux.

Le projet LANDES vise donc à saisir, à partir d’une situation concrète, les représentations, les pratiques et les attachements propres à chaque groupe d’acteurs impliqué dans la gestion de ces milieux. Ce faisant, nous analyserons, au-delà de la pensée savante, l’intrication de ce qui relève de la Nature et de ce qui est attribué à la Culture, dans les relations que les groupes sociaux entretiennent à leur environnement.

Que deviennent les projets lauréats des précédentes éditions ?