La première Liste rouge des champignons en France

Le Lactaire des saules réticulés, le Bolet rubis ou encore le Tricholome équestre des chênes... autant d’espèces qui sont menacées tandis que bien d’autres pourraient l’être bientôt. Dans la catégorie des champignons à chapeau, les tricholomes, lactaires et bolets vivent dans des milieux forestiers, dans des plaines voire en haute montagne. Nombre d’entre eux n’existent que par leur interaction avec des arbres (via le mycélium) et sont ainsi dépendants de la survie de ces derniers. Cette vie en symbiose est un bon indicateur de l’état de leurs environnements : la dégradation de leur habitat implique une disparition de certaines espèces et permet de tirer le signal d’alarme.

Quelles menaces sur les habitats des champignons ? 

La principale menace de ces espèces réside dans la dégradation voire la destruction de leurs milieux, notamment à cause de sylviculture intensive, ou bien de l’abattage de vieux arbres qui sont des sanctuaires de biodiversité. Les coupes rases, la transformation de vieilles forêts en terrains agricoles ou encore l’expansion des villes forment de grandes menaces sur les terrains propices aux champignons, et sur la biodiversité en général. À cela s’ajoute le drainage, le remblaiement des zones humides ou encore la présence d’engrais contenant des fongicides par exemple. Parmi les dangers pesant sur les champignons, on trouve également des catastrophes naturelles intensifiées par le changement climatique : sécheresses, tempêtes et incendies tout particulièrement. Les espèces en altitude sont aussi malmenées par l’aménagement de territoire pour des activités récréatives et par la fonte des neiges. 

À ce jour, malgré les menaces pouvant peser sur eux, les champignons n’avaient jamais fait l’objet d’un programme de conservation dédié, ni même d’une mesure de protection. Après qu’une catégorie ait été attribuée à chaque espèce selon la méthodologie de l’UICN, les résultats ont été transmis au grand public. Les données de cette Liste rouge serviront ainsi de socle pour mieux prendre en compte le groupe des champignons et sauvegarder leur remarquable diversité. Aux côtés de la faune et de la flore, la fonge peut ainsi être mieux considérée dans la lutte contre le changement climatique et la préservation des milieux naturels.

Qui a évalué l’état de conservation de champignons en France ?

Ces analyses, réalisées dans le cadre de la Liste rouge nationale et de l’INPN, ont été coordonnées par Patrinat (OFB-MNHN-CNRS-IRD) et le Comité français de l’UICN en collaboration avec Adonif, une association investie dans la compilation de données sur la fonge qui retranscrit des inventaires réalisés depuis plusieurs années. L'étude a aussi bénéficié de l'expertise des Conservatoires Botaniques Nationaux et de la Société Mycologique de France.

Consulter l'étude

Remerciements à Guillaume Gigot, Coordinateur de la cellule "Conservation" à PatriNat, et à Arzhvaël Jeusset, chef de projet "Conservation des espèces" à PatriNat, pour leur relecture et leur contribution.