Exploration scientifique

Explorer la biodiversité des rivières avec L’Europe à la rame

Dans le cadre de l’expédition "l’Europe à la rame", des scientifiques du Muséum vont étudier les écosystèmes d’eau douce entre Varsovie et Paris et sensibiliser les populations à cette biodiversité méconnue.

Du 1er mai au 18 juin 2023, une équipe de scientifiques du Muséum va étudier la biodiversité et les écosystèmes des 22 cours d’eau parcourus par le rameur Christophe Gruault, porteur du projet l’Europe à la rame.

Les écosystèmes d’eau douce sont les plus menacés : 60 % des eaux de surface en Europe ne sont plus de bonne qualité. Les insectes aquatiques, les amphibiens et les poissons sont en déclin sévère, ce qui impacte toutes les autres espèces, oiseaux, mammifères… Les scientifiques vont recenser la biodiversité des cours d’eau des cinq pays traversés par le rameur (Pologne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et France) et étudier les menaces qui pèsent sur elle. Les élèves des lycées français des pays traversés seront associés travaux de recherches par le biais d’un programme de sciences participatives.

Quelles espèces de poissons peuplent les cours d'eau d'Europe ?

Anguille européenne

Anguille européenne

© MNHN - É. Feunteun

Il existe environ 500 espèces de poissons dans les cours d’eau d’Europe. Certaines restent peut-être encore à découvrir. Biologistes des organismes et écosystèmes aquatiques, Éric Feunteun et Anne Lizé vont étudier leur nombre et leur diversité le long des 22 cours d’eau parcourus par l’expédition.

Ils vont s’intéresser en particulier aux poissons « amphihalins », ces grands migrateurs (saumon, anguille, alose…) qui parcourent des milliers de kilomètres entre les rivières et la mer pour assurer leur reproduction et leur développement. Leur migration est fortement perturbée par les barrages et obstacles qui jalonnent leur parcours.

Rocher huîtres coquillages

Rocher avec des coquillages

© Kathy - stock.adobe.com

Une méthode de recensement efficace : l’ADN environnemental (ADNe)

Biologiste, malacologiste, Vincent Prié va utiliser la méthode génétique de l’ADN environnemental pour recenser les espèces de poissons et bivalves (moules, huîtres, palourdes etc.) des milieux aquatiques et évaluer leur distribution selon les zones géographiques.

Concrètement, l’eau prélevée tout au long du parcours par Christophe Gruault et les élèves des écoles, collèges et lycées partenaires de l’expédition va être filtrée et séquencée en laboratoire pour découvrir l’ADN des espèces présentes dans les cours d’eau. L’enjeu est de pouvoir observer les changements de communautés et de comparer d’une zone à l’autre les impacts humains et biogéographiques.

La biodiversité des rivières est encore largement méconnue. On n’a pas conscience par exemple des impacts des aménagements humains (tels que les barrages) sur les écosystèmes aquatiques. L’ADNe est une méthode peut onéreuse et exhaustive qui va permettre de mieux connaître cette biodiversité.

Vincent Prié

Observer les insectes aquatiques

Libellule sur une feuille

Libellule

© Wikimedia Commons - Ian Kirk

Spécialiste de l’écologie et de l’évolution des insectes, Romain Garrouste va s’intéresser aux insectes aquatiques et en particulier aux libellules (Odonates), ces « top prédateurs » des milieux d’eau douce. Sensibles aux modifications des écosystèmes aquatiques, de nombreuses espèces de libellules sont menacées selon l’UICN et font l’objet de mesures de protections spécifiques.

Les milieux aquatiques sont parmi les plus impactés par les activités humaines. De nombreuses espèces d’insectes dépendent de ces habitats et sont au départ des chaines trophiques essentielles pour les oiseaux, les chauves-souris, et de nombreux animaux.

Romain Garrouste

Étudier les pratiques culinaires au fil de l’eau

Biophysicien spécialiste de l’alimentation, Christophe Lavelle va s’intéresser aux ressources comestibles de ces territoires, aux pratiques de pêche et aux savoirs culinaires locaux. Il s’agit aussi de voir comment ces ressources halieutiques sont impactées par la pollution de l’eau.

La cuisine des pays slaves et d’Europe Centrale est notamment connue pour ses nombreuses recettes de poissons d’eau douce. Néanmoins certaines espèces sont en voie de raréfactions et/ou rendus impropres à la consommation par des pollutions chimiques.

Christophe Lavelle

À la source des pollutions de l’eau

Un agriculteur vaporise du produit sur un champ de jeunes pousses.

Pesticides

© PiyawatNandeenoparit - stock.adobe.com

Spécialiste des perturbateurs endocriniens, Jean-Baptiste Fini va s’intéresser aux sources de pollution plastique, à la fois visibles et invisibles, présentes dans ces cours d’eau. Des prélèvements d’eau seront effectués en amont et en aval des grandes villes pour évaluer l’impact des perturbateurs endocriniens.

Engrais et pesticides chimiques issus de l’agriculture, rejet de molécules toxiques provenant du secteur industriel, usages domestiques (cosmétiques, médicaments, fibres de tissus synthétiques, détergents, désinfectants…), les sources de pollution de l’eau sont nombreuses et ont des répercussions sur la biodiversité et la santé des populations.

Suivez les actualités de l’expédition sur le site de l’Europe à la rame et les réseaux sociaux

Assistez la restitution scientifique de ce beau projet jeudi 21 mars 2024 (de 15 h à 17 h) en visioconférence !

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