Institution

Démocratiser la culture scientifique

En nouant un partenariat avec Saint-Ouen, au cœur de la Seine-Saint-Denis, le Muséum construit des passerelles avec de nouveaux publics, plus jeunes et parfois éloignés de l’univers des sciences naturelles. Sébastien Zonghero, conseiller municipal délégué au patrimoine communal et aux relations institutionnelles de la ville, et Jérôme Gestin, directeur général délégué adjoint du Muséum, reviennent sur la genèse et les enjeux de ce projet.

Comment est née l’idée de ce partenariat ?

Sébastien Zonghero
D’une rencontre avec Emeline Parent, Directrice générale déléguée aux Jardins, musées et zoos du Muséum, auprès de laquelle j’étais venu chercher de l’expertise sur un dossier dont j’ai la charge, la reconversion de l’Abbaye de Clairvaux. J’ai ainsi pu découvrir tout ce que pouvait offrir le Muséum, en écho à nos deux priorités politiques : l’urgence climatique et la démocratisation de l’excellence, c'est-à-dire aller chercher le meilleur pour nos concitoyens. L’idée d’un partenariat s’est alors naturellement imposée.

Jérôme Gestin
Pour citer Jacques Monod, ce partenariat est « le fruit du hasard et de la nécessité ». Le hasard d’une rencontre, comme l’a rappelé Sébastien Zonghero, le hasard d’un projet, d’un territoire, qui, à un moment donné, résonne avec le projet d’un établissement. Et la nécessité, c’est celle pour le Muséum d’accélérer et structurer la mise en place d’une stratégie « hors les murs », pensée comme une action qui se déroule en dehors de ses 13 sites. Il y a donc là une vraie convergence de valeurs mais aussi d’enjeux.

Pourquoi le territoire de la seine Saint-Denis est-il pertinent pour démarrer cette nouvelle expérience ?

Jérôme Gestin
C’est un territoire jeune et les publics jeunes sont une priorité pour le Muséum. Développer la culture scientifique des jeunes générations est extrêmement important. C’est un levier pour comprendre le monde d’aujourd’hui, en pleine mutation. Et offrir des éléments de réponses aux grandes questions qui traversent aujourd’hui la société et impacteront les citoyens de demain, comme notre place dans le vivant, les grandes évolutions de la biodiversité, de la nature et des écosystèmes... Le jeune public a naturellement une appétence pour la découverte, une capacité à s’interroger et à s’émerveiller et de là naissent le savoir et la connaissance. Émerveiller pour instruire, c’est d’ailleurs la devise du Muséum. Et puis la Seine-Saint-Denis est un territoire proche (Saint-Ouen est à moins de 30 minutes du Jardin des Plantes avec la ligne 14), nous avons ici la capacité de créer des ponts là où ils n’existent pas suffisamment.

Sébastien Zonghero
À Saint-Ouen, 30 % de la population a moins de 40 ans. Effectivement, c’est un territoire en devenir. Et le rôle d’un élu est de protéger la population par des mesures immédiates mais aussi de projeter la communauté dans l’avenir avec des décisions pour le long terme. Grâce à ce partenariat qui vise 90 classes de primaire sur trois ans, c’est-à-dire les citoyens du monde de demain, nous aurons favorisé la prise de conscience écologique d’une génération toute entière.

Expostion des couvertures de « The Parisianer » réalisées par différents artistes.

Exposition « The Parisianer » à la Serre (Saint-Ouen)

© MNHN - J. Melin
Un groupe d'enfant découvrent l'exposition « The Parisianer » à Saint-Ouen.

Exposition « The Parisianer » à la Serre (Saint-Ouen)

© MNHN - J. Melin
Discours à la Serre de Saint-Ouen.

Exposition « The Parisianer » à la Serre (Saint-Ouen)

© MNHN - J. Melin
Expostion des couvertures de « The Parisianer » réalisées par différents artistes.

Exposition « The Parisianer » à la Serre (Saint-Ouen)

© MNHN - J. Melin

Quels sont les grands objectifs poursuivis au travers de ce partenariat ?

Sébastien Zonghero
L’éducation, avec un axe fort sur les jeunes publics comme on vient de l’évoquer, mais aussi la culture et la diffusion scientifique auprès du plus grand nombre grâce notamment aux expositions itinérantes du Muséum qui seront organisées chaque année dans la Serre Wangari, la « base arrière » du partenariat, et où nous souhaitons également organiser des conférences grand public avec des scientifiques du Muséum.

Jérôme Gestin
Pour le Muséum, il est important de toucher des publics qui aujourd’hui ne viennent pas sur nos sites. Nous allons faire découvrir l’histoire naturelle aux scolaires (primaire, cycle 2) grâce à des parcours pédagogiques qui mixent des médiations à distances, complétés par la diffusion d’une mallette pédagogique et des ateliers sur nos sites. Nous allons aussi sensibiliser les enseignants sur les ressources disponibles au Muséum et les former aux sciences participatives et à leurs protocoles. Le jeune public est la cible prioritaire de la première année, nous réfléchirons à élargir notre partenariat dans les prochaines années à l’ensemble de la population. Une ville, c’est aussi des publics plus âgés, plus fragiles, plus éloignés de l’insertion...

Le partenariat est-il déjà actif ?

Sébastien Zonghero
L’exposition « The Parisianer » est visible depuis le 19 octobre dernier à la Serre, et jusqu’au 16 décembre. La formation des enseignants est prévue pour la fin de l’année, on peut imaginer les premières visites sur sites des scolaires durant le premier trimestre 2023. C’est un vrai honneur pour la Ville, pour un territoire qui a longtemps été délaissé, de pouvoir recevoir le Muséum, une institution de cette renommée.

Jérôme Gestin
Nous sommes un établissement public national. Comme aime à le répéter notre président : 68 millions de spécimens dans nos collections, un par Français ! Cela signifie que le Muséum appartient à chacun.
Il a donc vocation à être présent sur les territoires, au-delà de ses sites. C’est ce nous cherchons à faire avec notre politique « hors les murs » et au travers de cette convention, pour créer plus de proximité et d’accessibilité.